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sous le signe du cancer

19 août 2018

une miraculée à Lourdes

Lourdes est une expérience significative. En effet, voir la foi, l’élan humanitaire qui pousse les uns vers les autres, manifestent bien que la force psychique qui vient de l’au-delà et qui est un adjuvant irremplaçable dans la guérison ou dans l’acceptation de la maladie.

La dernière miraculée Bernadette

La miraculée de Lourdes chamboulée par sa nouvelle vie

Moriau, une religieuse qui après quarante ans de souffrance, de quasi paralysie a pu se lever et marcher cinq kilomètres, a témoigné. Ce qui est caractéristique c’est qu’elle n’a pas demandé la guérison pour elle-même mais qu’elle a prié pour tous les malades, les handicapés. C’est trois jours après son retour de Lourdes, que sœur Bernadette a pu constater sa guérison. Elle a, dit elle, obéi à une injonction intérieure : se libérer de son corset, de ses attelles, du système d’aide pour redresser son pied, de la morphine. Elle a dû attendre plusieurs mois, sans parler de sa guérison, avant que son cas soit considéré comme un miracle.

L’humilité de cette sœur est remarquable. C’est très émouvant de voir qu’elle explique que la guérison n’est pas seulement physique mais morale.

Ce qui est émouvant aussi ce sont les processions aux flambeaux. Toutes ces petites lumières symbolisent la foi dans l’espoir. Tant de malades ou d’handicapés accompagnés de bénévoles manifestent à la fois l’humanité souffrante et la solidarité humaine. Belle expression d’une foi collective.

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18 août 2018

Violence conjugale et cancer

 

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Elle passe, dans son univers transparent                                  

Nul ne la voit

Elle parle, nul ne l'entend

Elle n'a plus de voix

Pour dénoncer que son mari 

La bat, elle en a peur

Elle sait qu'il est parti 

En la menaçant, qu,il reviendra

Comme avant et qu'il recommencera

Dans cette prison sans barreaux

Elle erre donc dans sa maison

Sa peine ne trouve aucun écho

Ses parents lui répondent "non"

Quand elle révèle son malheur

Son père, sa  mère ne la croient pas

Et elle reste ainsi une plaie au coeur

Les amis du couple, ses beaux parents

L'accusent d'être une menteuse

Son mari prétend qu'il la rend heureuse

Aimable, gentil, souriant

On le plaint même d'avoir une femme

Si terne, si triste, si soucieuse

Elle voudrait disparaître, transparente

Dans ce monde qui la méprise

Elle ne remontera plus la pente

Enfoncée sous les faux semblants, la traitrise

De cet époux qui ironise

Derrière la vitre des surprises

Elle guette dans l'effroi 

Celui avec qui elle partage son toit

Mais, c'est de'rrière leur transparence 

Qu'elle singe d'une femme heureuse l'apparence

Tous les jours, elle feint

Achaque heure, elle craint

Un mot méchant, un geste violent

Ce cancer, petit à petit, la dévore

Jusqu,à sa délivrance : la mort !

31 juillet 2018

la récidive du cancer; comment faire face ?

     Atteinte d,un sixième cancer du poumon qui plus est un cancer primaire, je suis d'abord scandalisée parce que je n,ai jamais fumé. Ensuite, j,en veux à l'équipe médicale de ne pas m,avoir prise au sérieux ; en effet, depuis 2015, je ne faisais que les aviser de mes crachements de sang, des pneumonies à répétition, du taux élevé de mes marqueurs cancérigènes, de mon essoufflement  et pendant trois ans je n'ai été reçue qu'une fois par an car j'étais soit disant en rémission après mon cinquième cancer je demandais à être vue au moins deux fois par an et en particulier par un spécialiste du poumon cancérologue. Après quatre cancers du sein (en 1985, en 1998, en 2000 et en 2010 chaque fois cancer traité par ablation de la tumeur et radiothérapie suivie d,une récidive traitée par ablation du sein et chimiothérapie), il était légitime que je sois inquiète et ils n'ont rien fait ! Pourtant j'ai meme écrit au directeur du centre anti cancéreux, je lui ai rappelé qu'en 2000, j,étais intervenue pour avoir les résultats d'un examen¨médical fait il y avait quatre mois. J,avais raison de craindre c'était bien un cancer et j'ai été opérée en urgence. Il a fallu que je me batte pour pouvoir passer dans les trois mois qui suivaient l'opération la radiothérapie. En 2010, un remplaçant n'avait pas voulu m'examiner sous prétexte que la mammographie passée en ville était bonne. Or la radiologue m'a avoué après que la machine à mammographie n'avait pas été révisée et c'est pour celà qu'elle n'avait pas vu la tumeur. Alors j,ai fait une autre mammographie préconisée par un médecin de province qui à un mois d'intervalle a montré un nodule suspect comme le cancérologue et le centre anti cancéreux refusaient de me prendre au sérieux, je suis allée au centre anti cancéreux de Bordeaux qui a confirmé par des examens que c'était bien un cancer au sein droit récive !. Je n,ai eu que l'épithète "revendicatrice" sur mon dossier médical alors que mes craintes étaient justifiées. Cette année c'est pareil malgré mes demandes réitérées aux cancérologues, à ma généraliste; on m'a laissé perdre trois ans (je ne leur en veux pas de ne pas avoir trouvé mais je leur reproche de ne pas m'avoir reçue et prescrit des examens adéquats (pour moi, c'est presqu'un abandon de personne en danger) ! La vérité, c,est que si je n'avais pas vu de moi même une pneumologue en ville et'elle me prescrive un scanner avec injection cette fois on n'aurait pas trouvé le nodule suspect au poumon. Trois mois après à l'institut anti cancéreux on me diagnostique un cancer du poumon et je perds encore un moi afin qu'on détermine que c'est un cancer primaire au poumon ce qui est plus grave qu'une métastase du cancer du sein précédent. Je suis invitée à consulter un chirurgien thoracique qui a refusé de m'opérer de la tumeur à cause de mon insuffisance respiratoire et cardiaque.Il est vrai que dans un grand hôpital, on m'a placé une valve cardiaque en 2016 à cause de mon retrécissement aortique mais pour le suivi c'est nul : je n'ai vu qu'une fois après l'opération et à ma demande le chirugien qui m'avait opéré par TAVI. Une seule fois un cardiologue qui s'est permis d'annuler le second rv sous prétexte que j'étais suivie en rythmologie une fois ou deux fois par an. On m'a placé un reveal et je l'ai toujours alors dans d'autres hopitaux ils l'enlèvent au bout d'un an ! On me fait passer un holter et on ne me donne les résultats que six mois après  !!! Je suis très malheureuse car j'ai été très mal suivie.

Pour mes deux premiers cancers ceux que j'ai eus en province une maladie d'Hodgking à 17 ans et le premier cancer du sein à 28 ans, j'étais mieux suivie et surtout on ne m'accusait pas d'etre "revendicatrice" 

J,Ai PEUR DE MOURIR vu les statistiques très mauvaises pour le cancer du poumon, un des plus graves avec le cancer du foie et le cancer du pancréas ! 

Et j'attends dans l'angoisse le traitement qu'ils décideront  alors que des personnes "bien intentionnées" me téléphonent pour me dire que X est mort en un mois d'un cancer au poumon non opérable, et que Y est morte du cancer du poumon en six mois !

Au lieu de me donner de l'espoir, le cancérologue m'a fait un certificat médical pour que je puisse annuler ma cure, rédigé en ses termes "cancer stade avancé, récidives à répétition". Il me fait envoyer cela par la poste alors qu'il n'avait pas le temps de discuter avec moi quand il m'a annoncé assez brutalement que c'était bien un cancer du poumon !

Je témoigne ainsi parce que je supplie les femmes qui ont des cancers du sein de combattre comme moi pour sauver leur vie. Oui, elles ont droit à avoir les meilleurs examens, à être examinées correctement lors des visites médicales, et surtout qu'on les prenne au sérieux quand elles exposent leurs symptômes et qu'elles demandent qu'un délai raisonnable soit pris entre l'annonce qu cancer et les traitements.

J'ai sacrifié beaucoup de choses dans cette lutte incessante contre le crabe. D,abord, je vis seule et c'est mon choix après avoir vécu avec un mari violent qui me disait des phrases cinglantes comme "qui voudra de toi avec deux cancers", "le troisième cancer tu seras toute seule" "tu perdras tes cheveux" "tu n es bonne à rien même pas à avoir des enfants !" "tu peux commander le cercueil" et en plus il a été violent physiquement. Je me suis battue presque dix ans pour obtenir le divorce à ses torts exclusifs et pour ne pas trop être lésée dans le partage (j'avais cinq certificats médicaux et des témoignages à l'appui et même devant la juge il a continué à nier !) J'ai eu également après mon divorce un compagnon qui s'est jeté violemment sur moi m'a frappée alors que je me cachais sous une table. Il me trompait, était distant et surtout n'a jamais avoué à ses parents qu'il m'avait frappée parce qu'ivre. Je suis seule aussi parce que la chimio m'a rendue stérile et aussi parce que chaque fois que je disais la vérité sur mes cancers, les lymphoedèmes le présummé prétendant ou simplement ami prenait la poudre d'escampette. J'ai sacrifié sur le plan physique mes deux seins et la reconstruction ratée m'a laissée une cicatrice affreuse dans le dos, des faux seins difformes. J'ai tout supporté pour vivre, vivre, vivre. Je ne veux pas mourir, je veux vivre j,ai encore trop de lieux à découvrir ou à redécouvrir, tant de musiques classiques à aimer, tant de pages à écrire et tant de livres à lire, tant d'artistes à chérir (peintres, musiciens, écrivains). Ces artistes du passé séparés de moi par les siècles et les pays sont de véritables amis qui m'aident à supporter ma maladie et à me battre pour un avenir meilleur.

14 octobre 2017

TESTAMENT D UNE CANCEREUSE

A mes amies et mes ennemies, je lègue des traits de ma personnalité.

Tous les jours, j'ai peur de mourir aussi je rédige mon testament.

D'abord, je je veux pas transmettre aux membres de ma famille, distendus et complètement indifférents les cancers qui, de génération en génération, se propagent comme les hirondelles reviennent au printemps. Si j'en ai eu 5 et si j'ai une maladie cardiaque, je garde ces travers pour moi.

Mais, par contre le vous lègue mon mauvais caractère qui vous sera utile pour combattre non seulement d'éventuelles maladies mais qui vous permettra d'appeler un chat un chat;

A ceux qui développeront et continueront ma fondation, je lègue les acquis qui m'ont permis de vivre mieux. C'est par l'amour de l'art que j'ai pu non seulement guérir de mes cinq cancers mais aussi ne plus craindre un avenir sombre. D'abord la musique classique qui vous transporte jusqu'à vous permettre d'oublier les soucis comme quand le soleil illumine la terre et je les aime tant ces musiciens comme par exemple Mozart, Chopin, Bizet, partis jeunes mais qui nous ont laissé tant de merveilleux morceaux qui lient leurs auditeurs  : oui, je lègue tous mes CD : symphonies ou concertos comme le 23 de Mozart, je lègue tous mes DVD d'opéras baroques grâce auxquels j'ai pu vivre heureuse et confiante même en pérode de chimiothérapie, d'hospitalisation.

Ensuite, je lègue tous mes livres de tous les écrivains que j'ai aimés : grâce à eux je suis partie à la chasse au bonheur, comme écrivait Stendhal.La littérature : quelle chasse au bonheur ! Tous mes livres, mes romans, mes recueils de poèmes : tous ces objets précieux, que je manipule avec tendresse comme celle qui m'anime quand je songe aux grands écrivains du 19ème par exemple.

Je lègue à toutes les personnes de bonne volonté chargées de faire vivre ma fondation, mon amour pour Paris, ville si riche où les monuments ont une âme car ils sont sources de mémoire : "on ne naît pas à Paris, on y renaît !" comme disait Sacha Guitry. Paris, par tes expositions, tes musées, tes opéras, tu as guéri la peur de la maladie et tu as été pour moi le meilleur remède  ! Vivre à Paris est un privilège : qu'elle est belle la ville Lumière, qu'elle est riche pour l'art, pour la diversité !

Enfin, je lègue à tous l'amour de la découverte car comme l'écrit Emerson : "n'allez pas où le chemin vous mène, allez au contraire où il n'ya pas de chemin et laisez une piste ! " Par mon combat bien modeste, je veux plus prosaïquement laisser une trace : ainsi ma vie n'aura pas été inutile !

13 août 2017

les remèdes aux conséquences néfastes du cancer

Vous avez eu un cancer (ou plusieurs) vos traitements sont finis mais de lourdes séquelles vous handicapent. Par exemple, si vous avez eu un ou deux cancers, vous pouvez avoir un ou deux lymphoedemes. Certes, c'est très handicapant mais il y a des solutions : le port de manchons de contention ou de  gantelet de contention. Attention sur le choix de la matière, de la longueur du manchon. De même une couleur plutôt foncée peut vous éviter de le laver tous les jours en fait ceux de couleur chair sont très salissants.

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5 août 2017

LES PETITS BONHEURS

 

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LES BASKETS A FLEURS

 

     Lucie met ses baskets à fleurs, elle les a choisis pour qu’ils aillent avec son gilet jaune qu’elle revêt chaque fois qu’elle circule en vélo. A Paris,  il est important d’être vue. Tant pis si le vêtement n’est pas à la mode ! Son casque jaune, aussi, cache son crâne à moitié chauve. Appuyer sur les pédales, freiner, accélérer, s’arrêter et sauter d’un coup sur le sol, les pieds bien posés dans ses baskets. Dans l’enceinte de l’hôpital, un grand parc avec pelouse et arbres : des groupes sont allongés, épars sur l’herbe. Mais Lucie n’a pas de temps à perdre : elle ne peut paresser. Elle se dirige vers son box, à l’abri de deux paravents, le temps de l’injection. Elle a envie de rire en observant une scène curieuse : l’accompagnateur d’une malade manque de tomber dans les pommes quand l’infirmière pique sa compagne. Allongée sur le lit d’appoint, puisqu’il il convient de rester immobile pendant la perfusion, Lucie contemple ses baskets, un peu montants, assez usagés mais le coloris des fleurs du tissu lui convient. Par gaminerie, elle s’amuse à taper ses pieds l’un contre l’autre, en rythme. Elle sait qu’après la perfusion, on distribuera le goûter tant attendu : elle l’a demandé dès le premier jour. Le chocolat chaud, les biscottes et la confiture, parfois un petit gâteau, tout lui rappelle son enfance. Elle accumule chaque jour les moments de petits bonheurs pour se persuader que son combat pour vivre vaincra le crabe, logé quelque part en elle. Dès qu’elle aura fini, elle reprendra sa bicyclette et sentira le vent frais lui donner des ailes.

       Paris lui tend les bras : sur le pont Austerlitz, elle contemple le chevet de Notre Dame et la beauté de la cathédrale, proue d’un navire sur la Seine miroitante, la submerge. D’un coup de pédale, elle longe les quais de la Seine en direction de l’Ile de la Cité, cœur de la ville autour duquel la Seine s’ouvre à deux battants. Elle attache sa monture et part dans le dédale des rues de l’Ile St Louis. Elle recueille au passage les altercations entre commerçants ou clients, qui l’amusent. La vie est là, calme et tranquille et la rumeur de la grande ville la rassure : elle n’est pas seule, les Parisiens, les touristes partagent avec elle le doux contentement d’une journée de printemps où le beau, le tendre Paris n’en finit pas de donner de l’espoir au monde. Elle suit la piste de l’art et contemple pour la millième fois le portail de Notre Dame, sa rosace Nord. Les baskets sont bien pratiques pour ses rendez vous avec ses amis trop connus mais toujours insuffisamment contemplés que sont les monuments parisiens : la Sainte Chapelle, la Conciergerie, le Louvre, bien sûr, et tant d’autres encore ! Mais aussi, au détour d’une petite rue au nom désuet, si charmant comme la rue des Prouvaires, la rue du chat qui pêche, par exemple, une plaque rappelant qu’un artiste a vécu là et le cercle de ses connaissances s’élargit. Paris, à travers les siècles, est intimement présent à l’occasion de toutes ces marches, de tous ces déplacements qu’elle entreprend, ses baskets fleuris aux pieds, et son bonheur est presque complet.

       Elle a appris à sourire d’un attroupement de badauds devant un montreur de marionnettes, un chat ou un chien endormi, un bébé jouant, un petit concert improvisé. Tant d’occasions d’être heureuse de vivre, de saisir les occasions de bonheur pour se les remémorer plus tard dans des circonstances plus difficiles : grâce à ses baskets, elle se sent un chaînon dans l’humanité que Paris rassemble et résume.

      Un jour, le docteur lui confirme que les traitements ont réussi : elle est sauvée. Elle a envie de rire et de chanter ; la vie est si belle et ses baskets fleuries ont été un remède aussi efficace que la chimiothérapie.        

 

 

 

 

26 juillet 2017

La chasse au bonheur

D'accord, c'est vrai, tu as été malade

Mais maintenant ressaisis toi 

Prends tes baskets, évade toi

Change de sérénade

Regarde donc tous les avantages

La vie t'est devenue plus chère

Les soucis ne sont que secondaires

Ton ciel ne doit plus s'assombrir de nuages 

D'abord, mesure le temps épargné

Tu as pu partir à la retraite

Mener la vie que tu voulais

Chacun de tes jours est une fête 

Car ton combat tu l'as gagné

Tu trouves tant de moments pour te dérider

Rire à des situations cocasses !

Suis donc du bonheur la trace :

Il convient gentiment de se moquer.  

Dans la rue, des quidams se disputent,

Les badauds se se sont rassemblés autour

Et cette scène comique tu la vis avec humour.

Pas besoin de se référer à la lutte

Dans les comédies de Molière

Des barbons et des valets.

Sur la terre entière,

Il y a des raisons de s'amuser !

Alors sors de ton trou

Mets tes baskets !

Prends avec philosophie

Les réflexions que tu entends.

Réponds avec aplomb à ces gens

Plus bêtes que méchants, fi

De la morosité

Bonjour la gaieté

Le rire est toujours un défi

A la bêtise humaine,

Reste souveraine

Devant les critiques

Peu sympathiques

Si les gens envient

Tes congés maladie

Dis leur que tu voudrais

Bien les changer

En une meilleure santé

Et souris à satiété

De leur parfaite mauvaise foi

Regarde les ils ont peur

Dès que sur leur peau ils voient

Une tache de rousseur

Et foncent chez leur médecin

Oublie les sarcasmes

Mets tes baskets et prends

La route droit devant

Emporte dans ton sac à dos

Les auteurs des comédies

Que tu aimes : tu les relis

Et le monde est plus beau

Molière, Marivaux, Beaumarchais

Sont pour toujours tes alliés

Les humoristes peuvent t'aider

Tu riras avec eux des travers

De la politique et du monde à l'envers !

Mets tes baskets pour rencontrer

Des amis inconnus qui sourient

Et qui sont prêts à t'amuser.

Si le rire châtie les moeurs

Il peut aussi donner le bonheur ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

19 avril 2017

VIOLENCE CONJUGALE (fiction)

      Chapitre 1 

 

 

L’impact des gouttes sur le métal résonnait en elle comme un glas, du plafond tombait de l’eau de pluie dans un récipient en alu et ce bruit sinistre renforçait l’horreur de la scène : des coulées rouges avaient ruisselé sur le cadavre puis sur le parquet. Un couteau posé en travers de la poitrine et serré par la main du mort : il s’était sûrement suicidé.

A ses pieds, la jeune commissaire Leclerc considérait ce mort un peu chauve, un peu bedonnant, tout à fait ordinaire, habillé simplement, sans recherche !

D’un ton froid, Marie donna des ordres précis : sécurisez la scène, appelez le légiste, cherchez des indices dans la maison!

Le légiste arriva, hautain, serré dans sa cravate, portant une blouse blanche, des gants pour examiner le défunt.

- Certes, le décès remontait à dix huit heures, un coup de couteau en plein coeur, l’arme du crime porte les empreintes du mort , apparemment ce sont les seules ! Vous recevrez mon rapport dans la journée.

Monsieur Grandin, doctement, tourna les talons, rentra chez lui, conscient de son importance et un peu méprisant envers la commissaire comme s’il la trouvait trop jeune pour mener l’enquête.

Celle ci ne manqua pas de remarquer la pauvreté de ce logis. Un pavillon de banlieue assombri perpétuellement par le haut mur qui entourait le jardin, les fenêtres étroites, le papier peint décollé en partie sous l’effet de l’humidité : la maison était presque insalubre, on y respirait un air vicié, le soleil n’y rentrait jamais, il fallait éclairer constamment toutes les pièces ; certains ampoules ne fonctionnaient plus et n’avaient pas été remplacées. Une misère soigneusement dissimulée par le portail vert du jardin dans ce quartier d’une banlieue modeste mais pas indigente prenait à la gorge dans les pièces sans meubles à part la table et les chaises : des caisses en bois qui avaient contenu des vins seraient d’étagères dans les chambres aménagées sous le toit et elles avaient été déplacées, renversées . Il fallait gravir, pour y accéder, un escalier en bois aux marches branlantes et surtout baisser la tête. Un matelas jeté à même le sol servait de lit et dans ces deux soupentes, une odeur de relent d’alcool vous prenait à la gorge.

Une latte du parquet avait été dépacée et mal remise : l’inspecteur Tardieu découvrit une cache sombre qui aurait pu contenir de l’argent ou des bijoux.

En rentrant chez lui, le mort aurait pu surprendre des cambrioleurs, une bagarre s’en était suivie, à moins que le crime fut délibéré, et l’homme avait reçu un coup de couteau en plein coeur !

- Tardieu, demanda Marie, allez vous renseigner chez les voisins : qui est ce mort, vivait il seul ? Que faisait-il ? Avait il des raisons d’attenter à ces jours ?

Vingt minutes après, Tardieu revint muni de précieux renseignements des riverains : l’homme qui était mort s ‘appelait Patrick Tournier ; il avait été représentant en vins fins mais maintenant il ne travaillait plus (chômage, sans doute!) ; il était sujet à de violentes colères et les habitants du quartier le craignaient, ses voisins les plus proches avaient même déposé une plainte pour tapage nocturne contre cet homme dont les éclats de voix les dérangeaient périodiquement . Mais il vivait seul, on ne voyait personne chez lui, il ne recevait pas.

 

Chapitre 2 

 

Marie orienta ses recherches sur le vol maquillé en suicide. Mais quels cambrioleurs auraient pu s’intéresser à une maison si sordide d’aspect ? Certes, les petites frappes de ces banlieues défavorisées auraient pu par volonté de mal faire s’attaquer à cette villa modeste ! Les investigations avaient permis de vérifier que le couple Tournier ne détenait de chéquier, de carte bleue : Tournier payait ses dépenses en liquide : est ce qu’une grosse somme d’argent avait pu être dérobée ? A moins que ce Patrick Tournier (inconnu dans les services de police) ait été visé par vengeance, représailles par ces bandes de jeunes prêtes à tout pour se faire craindre des citoyens !

Marie se fit ramener des archives les fiches sur les délits de cambriolage qui avaient été commis dans le périmêtre de la banlieue sud proche de Villejuif : elle sélectionna trois ou cinq photos et ordonna à son inspecteur de repartir voir les voisins, les riverains de feu Patrick Tournier pour leur de reconnaître les visages de ces suspects . Emmenés au commissariat pour y être interrogés, les jeunes délinquants donnèrent tous des alibis plausibles. Ils furent vérifiés et confirmés par la suite. Après plusieurs mois de vaines recherches, le parquet classa l’affaire !

 

 

Chapitre 3

 

 

Dans le train de nuit qui l’emmenait en Italie, Claire fuyait dès qu’elle avait compris que cet homme était mort. Cet homme avait été pourtant son mari ! Elle n’avait pas voulu cela pourtant, s’il ne s’était pas précipité sur elle, s’emparant d’un couteau de cuisine sur la table, elle n’aurait rien fait, se contentant de se cacher.  Combien de fois s’était elle réfugiée sous la table, derrière l’escalier sous une couverture, sous le matelas, pour fuir. Tant de soirs, elle avait tremblé quand elle avait entendu grincer la porte du jardin avant qu’il ne surgisse toujours en colère, souvent saoul. Une angoisse l’étreignait alors comme une main de fer. Elle n’osait plus bouger, plus parler, plus vivre, enfin ! Elle avait peur quasiment tous les jours, si ce n’était pas des coups, des gifles, c’étaient des reproches, des insultes, et après sans une excuse, comme si de rien n’était, il lui imposait des relations sexuelles qu’elle subissait comme une morte. Morte, elle l’avait été jusqu’à nier la jeune fille courageuse, volontaire, combative qu’elle avait été, avant de le connaître.

Comme ce rapide qui l’emportait hors de France, elle se remémorait son passé, elle qui ne reconnaîssait pas ce visage ridé, aux cheveux rares et blanchis quand une lumière crue éclairait le miroir posé devant elle entre les photographies de ces beaux pays ensoleillés où elle n’était jamais allée !

Le pire, c’est qu’elle l’avait aimé cet homme qui lui avait volé sa jeunesse, qui avait détruit sa vie. Encore, maintenant qu’en se défendant, elle l’avait tué, le laissant dans l’odieux pavillon, prenant tout l’argent qu’elle avait trouvé dans la cachette qu’il ne lui avait jamais montrée mais qu’elle avait trouvé seule en balayant le parquet : un planche basculait et masquait une cache où elle l’avait vu à plusieurs reprises entassant ses billets ; jamais, il n’aurait partagé  Nul ne la connaissait dans le quartier car par méfiance, son mari ne la laissait pas sortir même pour faire les courses, et elle avait un handicap physique qui l’empêchat de marcher à cause de son pied bot. Elle avait reporté toute sa soif d’amour vers cet homme, cherchant à compenser une enfance solitaire, une adolescence triste. Quand elle l’avait épousé, elle avait cru au grand amour mais très vite, les premières années de bonheur avaient été remplacées par des jours de crainte, peur de sa violence verbale et physique mais aussi peur de se retrouver seule si elle le quittait : sans parents, sans amis, sans enfant !

Le train s’engouffra dans un tunnel et dans le noir, son coeur se serra. Maintenant, c’était l’angoisse qu’on la retrouve, qu’on la jette en prison mais elle avait vécu si longtemps dans cette prison sans barreaux, ce pavillon lugubre où dans aucune des pièces, elle ne s| était senti libre car il pouvait surgir à l’improviste. La peur des scènes, des gifles l’avait habituée à considérer qu’une toute petite cellule vaudrait mieux si elle était en sécurité. Sûrement dans ces prisons, elle retrouverait des femmes, comme elle, qui avait tué leur bourreau car elle savait bien que ses sœurs inconnues subissaient en France, comme elle, la violence conjugale (et une en mourrait tous les deux jours et demi) ! Mourir ou se révolter en se défendant en état de légitime violence, il n’y avait pas d’autre issue !

19 avril 2017

LE CANCER SE GUÉRIT AUSSI PAR LE COMBAT CONTRE CELUI QUI VOUS ENLEVE TOUTES FORCES

  Chapitre 1

 

Et il me faut par couverture

Chanter que mon coeur soupire

Et faire semblant de rire ;

Mais Dieu sait ce que j’endure.

Je ne sais comment je dure.

Christine de Pisan : Oeuvres poétiques, rondeau VII

  

Emilie regardait par la fenêtre, les maisons toutes semblables de ce lotissement populaire. Elle s’y sentait enfermée dans l’étroit périmètre de son jardin ceint de murs : en face, à droite, à gauche que des vis à vis. Des gens qui étaient indifférents voire hostiles, qui vous saluaient à peine quand ils vous croisaient : c’était la solitude parmi les autres, une solitude encore plus cruelle que celle qui consiste à vivre isolé en pleine nature. Elle avait pris l’habitude de marcher à l’ombre, tête baissée, de cacher ses difficultés, sa souffrance .

Après son mariage, le charmant jeune homme qu’elle avait épousé s’était mué en un véritable tyran domestique, toujours en colère, toujours prêt à lui reprocher un repas mal fait, un objet déplacé, un vêtement mal repassé. Elle aurait voulu continuer à travailler : il l’en avait dissuadé, prétextant qu’elle serait plus heureuse à la maison. Vu qu’il gagnait trois fois plus qu’elle, il considérait que c’était inutile qu’elle parte tous les matins de bonne heure et rentre tard quand elle pouvait profiter du calme et de la liberté chez elle. Mais, en fait, avec les années, elle se demandait si ce n’était pas par jalousie qu’il l’avait isolée de ses collègues de travail. En plus, pour bénéficier d’une promotion, elle aurait dû partir à plusieurs centaines de kilomètres, ce qu’il n’avait pas supporté ! Son travail, sa carrière à lui, primait . Maintenant, elle vaquait à des occupations ménagères insipides tout en lui cachant qu’elle prenait des cours par correspondance .

Elle avait même l’intention de préparer un concours difficile et pour cela recevait ses cours et ses copies par poste restante. Elle avait appris à mentir, à faire semblant car elle avait peur de lui .

Jamais, elle n’osait l’affronter en face, lui déclarer que cette vie lui pesait. Le Prince Charmant avait disparu, laissant place à un inconnu qui l’avait frappée à plusieurs reprises . D’abord, une gifle puis il lui avait plus tard tordu le bras et à un mois de là il l’avait bousculée et frappée. Elle se protégeait de ses mains, se cachait sous une table ou derrière un meuble.

Le plus dur étaient les insultes : - tu es moche – tu es bonne à rien -grosse vache – tu es un boulet pour moi.

Et elle avait culpabilisé : elle le rendait malheureux, ce garçon qu’elle avait tant aimé et qu’elle aimait toujours malgré ses sautes d’humeur. Paradoxalement, en effet, elle était d’autant plus attachée à lui qu’elle croyait le perdre. A force, les critiques de son mari s’insinuaient dans son esprit. Et s’il avait raison ? Elle se dénigrait. A plusieurs reprises dans la journée, elle sentait une boule dans sa gorge. Elle pensait à la mort, elle se souvenait de sa grand-mère défunte. Cette cité dortoir où elle habitait lui paraissait sinistre, même, sous le soleil du Midi. Sous une chape de plomb, son courage l’abandonnait : elle attendait son retour à la fois avec espoir et angoisse.

Peut-être, ce soir, serait-il de bonne humeur et la prendrait dans ses bras pour l’embrasser tendrement comme autrefois quand ils étaient fiancés ou jeunes mariés ? Maladroitement, elle essayait de l’accueillir bien coiffée, légèrement maquillée, avec un sourire un peu forcé mais il ne la regardait plus, ne la désirait plus. Elle était devenue pour lui transparente, elle faisait partie des meubles : c’était tout ! Pour lui plaire, elle se privait de nourriture et il ne daignait même pas s’apercevoir qu’elle avait un peu maigri au prix d’efforts surhumains. Il n’observait que ses yeux rougis et commençait :

- quand auras-tu fini de m’ennuyer avec ta tête de chien battu ?

- tu n’es bonne à rien, même pas à avoir des gosses !

Car il lui reprochait cela aussi, ne se mettant jamais en question. Il lui tournait le dos depuis tant de nuits, ne la caressait plus jamais comme autrefois quand il voulait lui plaire avant leur mariage ou les deux ou trois premières années.

Emilie, d’ailleurs, ne désirait plus ses rares étreintes, qu’elle subissait comme une morte, attentive seulement à ne pas le repousser. Et c’était un autre sujet de reproches : comment aurait-elle pu après avoir été giglée, humiliée faire semblant d’être comblée par ses assauts autoritaires et égoïstes ?

Le portail du jardin grinçait et automatiquement le coeur d’Emilie se serra : il était arrivé ; dans quelques secondes, il franchirait le seuil, laissant la porte claquer derrière lui, pour bien montrer qu’il était le maître chez lui. Et une guerre muette s’engagerait. Emilie l’observerait du coin de l’oeil, calculant s’il était énervé au point de lui chercher querelle pouur des pécadilles ou s’il l’ignorerait superbement, la considérant avec condescendance ! Il ne voulait pas qu’elle ait un emploi mais en même temps lui reprochait d’être « entretenue ». Finalement, Emilie se demandait si le sort d’une prostituée n’était pas préférable. Oui, Emilie devait chèrement gagner sa nourriture en acceptant cette soumission imbécile pour un repas, pour un abri dans cette maison « prison sans barreaux »  qu’elle avait pourtant contribué à payer avec ses économies !

Dans ses nuits blanches, Emilie voyait avec précision qu’elle faisait fausse route : il fallait qu’elle parte mais la matin, elle avait oublié ses bonnes résolutions. Elle avait peur de représailles : sa vie semblait s’enliser, elle se débattait dans des problèmes insolubles. Pour ne pas peiner ses parents, elle leur avait caché les premières scènes comment légitimer son départ ?

Situés hors contexte, une gifle, un reproche ne paraissaient pas si graves mais elle, qui la vivait, elle savait bien que peu à peu sa condition devenait de plus en plus précaire . Son coeur se serrait tant de fois dans sa poitrine qu’elle craignait un A V C, sa vie risquait de finir bientôt, elle en éprouvait aucune tristesse.
Son éducation la poussait dans cette attitude, sa mère lui avait dit tant de fois que les hommes n’aimaient pas les femmes malades, que les maris ne supportaient pas d’avoir une épouse triste et qu’elle devait sourire, s’habiller, cuisiner, ranger pour garder son mari ; c’était un drame pour se parents de perdre un gendre qui réussissait si bien, gagnait de l’argent et sourtout leur permettait de partir à la retraite, l’esprit transquille car leur fille car leur fille pourvu d’un mari ne serait plus à leur charge ! En outre, catholiques, ils avaient enseigné depuis toujours à leuir fille que le sacrement du mariage ne pourrait pas être rompu.

Emilie eut une recrudescence de foi : elle ne manqua plus la messe, le dimanche et aimait à se réfugier dans les églises. La beauté des vitraux, le silence apaisant, la douce pénombre contribuaient à l’illusionner : son mari cesserait ses scènes violentes et ils seraient encore plus heureux qu’au début de leur mariage ! Elle priait pour cela, se persuadant au fur et à mesure du bien fondé de sa décision : rester auprès de celui qu’elle aimait toujours.

L’image du jeune amoureux prévenant et tendre qu’il avait été parvenait à chasser dans ses moments d’espoir le souvenir de l’homme violent qu’elle ne reconnaissait plus. D’ailleurs, elle lui donnait de bonnes raisons : il était fatigué, il avait trop de soucis !

 

 

 

Chapitre 2

 

 

Etre seul, c’est s’entraîner à la mort

Céline : Voyage au bout de la nuit

 

 

Emilie refusa de choisir la liberté, la rupture de peur de rester seule : les remarques blessantes de son mari s’étaient insinuées en elle et elle les croyait !

Un jour, par inadvertance, elle sentit une boule dans sa poitrine : elle alla consulter. Malgré ses vingt huit ans, le médecin lui prescrivit des examens approfondis. Quand elle revint, le verdict tomba sans appel :

- c’est un cancer, il faut pratiquer une opération pour enlever la tumeur et après une radiothérapie. Vous a t on dit que vous aviez eu un cancer à dix sept ans ?

- Non, répliqua t elle d’une voix blanche, on m’a parlé d’un virus !

- Les médecins n’ont pas voulu vous inquiéter, avant on ne disait pas la vérité au malade, surtout jeune :!


Quand elle sortit du cabinet, l’après midi ensoleillée avait pris pour elle les couleurs d’un sombre jour d’automne et le froid de l’angoisse la glaça : la peur, la peur de mourir avait succédé à la peur des scènes ! Elle traversa la petite ville sans s’arrêter : la mort imminente l’effrayait ; elle pensait que les mois lui étaient comptés. De retour chez elle, elle raconta tout à son mari mais au lieu du soutien qu’elle espérait, il lui reprocha de n’avoir pas été informé par elle même ou par ses parents 
de cette maladie qu’elle avait eu à dix sept ans. Donc pour un mot omis, alors qu’elle avait relaté entièrement l’opération et les traitements qu’elle avait subis, elle reçut de cinglants reproches :

- Tes parents et toi vous n’êtes qu’une famille de menteurs !

- Mais à moi, aussi, les médecins ont refusé de donner le vrai nom de la maladie et mes parents leur ont obéi

- Je suis toujours trompé

- Enfin, ce n’est que le terme « cancer » qui a été tu ; je t’avais expliqué en détails ma maladie !

Et il sortit en claquant la porte ;

Emilie pleura amèrement : elle comprenait confusément que plus que les scènes violentes qui pouvaient être dues à l’énervement, aux circonstances même si elles n’étaient point excusables, ce manque d’empathie, de soutien envers elle, malade, marquait absolument le désamour de son mari !

Elle aurait dû le quitter sur le champ, mais elle eut peur que la séparation affectât plus encore son état de santé.

Il revint, pourtant, le regard embué de larmes : elle crut que c’était pour elle, par peur de la perdre, qu’il avait pleuré dehors ! Hélas, elle se trompait : il se plaignait d’avoir été trompé, il se sentait floué. Dès le début de l’annonce de la maladie, avec un égoïsme extrême, il décida de divorcer, de se séparer de cette femme malade qui ne lui donnerait jamais d’enfant et puis, il savait bien que les traitements cancéreux affectent le physique des malades : perte de cheveux, opération invalidante…

Et il en voulait à son épouse : il n’aurait pas dû se marier, cela aurait été plus facile de se séparer !

Au travail, le surlendemain, il n’eut aucun scrupule de déclarer à un de ses collègues :

- Je compte divorcer de ma femme

- On ne profite pas de divorcer d’une femme qui a le cancer. Tu as bien accepté que le chef t’amènages un peu tes horaires en raison de la maladie de ta femme et tu as le culot de me déclarer que tu veux divorcer !

En fait, il ne supportait pas l’idée de mort qui était empreinte dans les deux syllabes de ce « cancer » le crabe, comme certains le nommaient, qui dévore insidieusement, inexorablement, implaquablement le cancéreux ! Ce déni de la maladie n’était qu’un moyen d’exprimer sa peur devant sa mort, à lui. Il en devint même stupide croyant qu’un grain de beauté pourrait se transformer aussitôt en cancer.
Emilie se sentait proche de la mort, car abandonnée ; mais elle ne voulut rien révèler à ses parents de crainte de les peiner. Alors que sa mère montrait comme d’habitude sa joie de vivre : Emilie se taisait de peur que sa voix ne la trahisse. Leurs pensées comme deux oiseaux s’élevaient dans l’air pour ne jamais se rejoindre ! Mais P eut la cruauté pour se venger, sans doute de ses beaux parents, de leur annoncer abruptement la maladie de leur fille et là le mot cancer fut prononcé ; Emilie vit sa mère blèmir, son coeur se serra. Une note tragique s’était insinuée dans cet après midi d’été et le ciel fut moins bleu, l’air moins doux, les paroles moins franches. Emilie affichait un optimisme de bon aloi alors qu’elle ne pensait depuis des jours que son temps était compté ! Sa mère revivait l’épreuve du premier cancer de sa fille. Elle se souvenait de tout : des cheveux d’Emilie qui tombaient comme des feuilles, de l’échec de la chimiothérapie et de la séparation avec sa fille retenue à l’hôpital pour ses séances de radiothérapie. Le père était inquiet aussi revivant une nouvelle fois les angoisses de la peur de perdre sa fille. Mais les parents dispensaient à P et à Emilie des paroles d’espoir !

Ainsi, le cancer, c’est d’abord les autres. Autant des paroles bienveillantes, un soutien affectueux peuvent aider le cancéreux, autant la méchanceté, l’absence d’aide peuvent contribuer à accélérer son mal. Emilie le sentait confusément et un jour que P. la menaça de divorcer : elle lui répondit du tac au tac

- tant mieux, j’en trouverai un autre plus gentil que toi

- mais qui voudra de toi avec deux cancers ? Le prochain cancer, tu seras toute seule !

Emilie se tut, elle aurait pu répliquer mais elle n’en eut pas la force : se rendait-elle compte que vivre avec P à un lent suicide ?

Emilie, quitta le présent trop amer, se réfugia dans le passé.

 

 

Chapitre 3

 

 

Tous les souvenirs de ma jeunesse crient sous mes pas, comme les coquilles de la plage

Flaubert « Correspondance lettre à Mme X , août 1853 »

  

Les années de sa jeunesse avaient fui. Un de ses premiers souvenirs d'enfance se rattache à cette maison où Emilie et ses parents avaient vécu pendant une dizaine d'années après ses trois ans. Elle souffre d'une maladie des yeux, une infection due au pollen et elle est aveugle. Sa mère lui dit "regarde la belle poupée' mais elle ne la voit pas, elle tâte désespérément cette poupée, cadeau de l'école maternelle apportée par le garde champêtre et c'est une souffrance terrible car, tout enfant, elle a l'intuition de rester dans ce noir total qui la terrifie. Des années plus tard, guérie, le noir lui fait toujours peur, quand elle monte me coucher laissant à regret ses parents dans la lumière de la salle à manger auprès du poêle, elle a une crainte irrépressible dans le noir et le froid, dans cet escalier où à chaque marche peuvent surgir des bêtes malfaisantes et elle se dépêche de regagner sa chambre, sur le palier, s'y enfermant pour fuir le danger de ce monde inconnu et malsain qui se développe dans l'ombre. Ses premiers souvenirs s'inscrivent d'emblèe sous le signe de la perte, de l'échec. Sans raison apparente, surnagent dans sa mémoire les punitions, le sentiment de culpabilité ou de honte. Enfermée dans le cabinet du jardin pour une pecadille ou une insolence, elle tape désespérément à la porte pour fuir cette noire et étroite prison où elle a peur de rester, livrée à des insectes rampants ou à des souris. La voisine vient prévenir sa mère "votre fille s'est enfermée dans le cabinet" et elle est délivrée par sa mère à contre coeur, et bien trop tôt car il fallait que la leçon portât et elle n'aimait pas que des tiers s'immiscent dans ses principes d'éducation. Elle l'entend encore dire à son père qu'elle était contrariée d'une réflexion d'une vendeuse surprise de la voir acheter un martinet. Mais plus que les punitions peu nombreuses, elle était malheureuse surtout quand sa mère lui disait qu'elle avait honte d’elle "il y en a qui sont fiers de leurs enfants, pas moi". Elle avait été particulièrement fâchée quand à la fin de l'année scolaire lorsqu'elle parlait avec son institutrice, Emilie avait ramassé tout ce qui était sur son bureau, à la demande de la maîtresse et en particulier un cadeau empaqueté que dans sa naïveté elle avait cru qu'il était pour elle alors que sa maîtresse l'avait reçu de parents d'élèves et posé par erreur sur son bureau. Sa mère lui fit honte mais déjà Emilie était si mortifiee, si malheureuse souffrant doublement d'avoir perdu l'amour de sa mère et d'être passée pour une voleuse. Pourtant elle s'efforçait d'être une bonne élève, c'est vrai qu’elle réussissait ses compositions mais comme sa mère le lui répétait «  c'était grâce à ton travail » et elle en concluait que elle n'était pas intelligente aussi elle se privait de tout jeu avant les devoirs ou un contrôle. Pour acheter l'amour de ses parents, elle s'imposait d'être la première, elle travaillait d'arrache pied. Et elle n'avait aucune amie, soit on la traitait de chouchou, soit on la rabaissait pour ses défauts physiques, elle était malheureuse et mal dans ma peau.

Ses seuls amis étaient les livres car ils la transportaient dans un monde où elle pouvait oublier ses insuffisances, sa solitude, sa vie sage et triste. Quand elle lisait un roman, elle quittait le lieu clos et habituel, elle voyageait dans des régions, des pays inconnus, elle était la princesse belle et heureuse, parfois même le chevalier qui la défendait. Très vite, elle était amoureuse du héros beau, vertueux et talentueux et elle s'identifiait à la jeune fille qu'il aimait et qui l'adorait. Le livre lui permettait de transcender sa banale existence et elle vivait vraiment par la lecture alors qu’elle n'adoptait dans le réel que les postures de la bonne élève, de la fille obéissante, d'enfant naïve.

Les photos d'enfance un peu jaunies la montrent sage, lisant ou devant le manège que son père avait fabriqué avec une roue de vélo et qu'il lui installait pour fêter Noël, sa mère y plaçait toutes ses poupées qu'elle avait cachées pour refaire leurs robes. Quel beau Noël, commun à aucun autre, grâce à l'ingéniosité et à l'amour de ses parents, qui sacrifiaient leurs veillées pour surprendre et ravir leur unique enfant.

Donc, normalement Emilie devait être heureuse et ne conserver que des souvenirs de bonheur et pourtant son enfance et bien plus son adolescence lui paraissent empreintes de tristesse, de craintes, de regrets. La solitude les a marquées. Elle était adulte et non enfant, partageant les soucis de ses parents, économisant son argent de poche pour leur faire des cadeaux, n'osant jamais demander une futilité, un jouet, une distraction. Elle était sombre de nature, souriant rarement et le plus souvent seulement à cause de comédies lues ou vues à la télévision ! Pourtant sa mère était gaie et chantait souvent. Elle l'admirait pour son caractère et son physique. Elle se dépréciait d'autant plus.

« Jamais je ne réussirai dans la vie, jamais je ne serai capable de fonder un foyer, bref d'être aimée »

.La vie adulte lui paraissait si difficile, semée d'obstacles et de désillusions que elle ne souhaitait pas grandir. Ses souvenirs heureux proviennent le plus souvent des vacances qu’elle passait chez ses grands parents. Il suffit d'un plat, d'un lieu, d'une expression conservée en mémoire pour que des pans entiers de réminiscences lui fassent revivre ces périodes bénies où elle se sentait aimée et admirée car il est vrai que les grands parents, qui n'ont pas qualité pour éduquer leur petit enfant, n'hésitent pas à montrer leur affection. Elle se souvint longtemps d'un retour à la ferme où elle courait vers ma grand mère, silhouette noire en haut du chemin, comme elle tendait ses bras afin qu’elle s’y jetât et pourtant je devais avoir au moins douze ou treize ans. Sa grand mère ne cessait de prévenir tous ses désirs et c'était ce petit bol de fraises sauvages qu'elle allait cueillir pour Emilie seule ou ce lait de poule pour son goûter. Très tôt alors qu’elle n'osait pas demander à ses parents la poupée qui lui aurait fait plaisir, elle n'avait qu'à répondre à ses grands parents maternels pour que son voeu soit exaucé.

« Tout ce qui est à moi est à toi » lui répétait sa grand mère.

Son grand père la prenait avec lui dans les champs et Emilie, heureuse de ces expéditions, ne se lassait pas de l'interroger sur sa jeunesse, e sens encore les poils de sa barbe blanchie qu'il frottait contre ses joues et l'épais tissu de son gilet où elle se plaisait à prendre et à replacer sa montre à gousset.

L'amour pour nos chers disparus ne s'éteint pas, il nous rend sensible au temps et à l'espace du passé dont nous avons une image plus réelle que notre présent.

Ainsi, au creux de l'été, elle avait vécu les moments les plus heureux de son existence mais il a fallu que le cancer s'introduise dans le cercle de famille et le ravage à l'orée de sa jeunesse puis de sa vie adulte.

Le cancer, voilà un mot qu'on ne prononçait pas, il y a quarante ans en arrière. On usait de périphrase aux actualités télévisées pour parler de toute mort due au cancer :

"il est mort des suites d'une longue maladie".

Pareillement, si elle demandait à sa mère, de quoi était morte cette personne, elle lui répondait que c'était l'âge.

Mais un jour d'été, au retour de ses parents revenus la chercher, sa grand mère lui conseilla d'aller consoler sa mère partie brusquement dans sa chambre alors que ses grands parents évoquaient la mort subite d'un parent éloigné. Elle s'approchait du lit où sa mère pleurait et celle ci la repoussa durement :

"vas t'en, toi !'.

Mortifiée Emilie interrogeait sa grand mère, elle lui montra une photo d'un beau jeune homme mince :

"c'était le cousin préféré de ta mère, il vient de mourir d'un cancer, à moins de trente huit ans !'

Pourquoi ne s'étaient ils mariés ensemble s'ils s'aimaient ?

Épouser son cousin présente le risque d'avoir un enfant anormal ou pas d'enfant, du tout ! Et en un éclair, elle comprit tout. Si sa mère l'avait chassée de sa chambre, c'est parce que son existence lui rappelait sans cesse qu'elle avait sacrifié son amour de jeunesse pour qu’elle puisse naître d'un autre homme, sans risque. Plus tard, elle apprit que c'était ses grands parents maternels qui s'étaient opposés au mariage. Et que sa mère était partie travailler et vivre à cent kilomètres quand elle avait rencontré son père et qu'en raison de la pauvreté de celui ci, ses grands parents n'avaient pas voulu, au départ ce mariage.

Lorsque on est enfant, il nous semble que nos parents n'ont pas eu de vie avant de devenir notre père ou notre mère.

A la fin de son enfance, Emilie découvrait les secrets de famille et elle apprit à redouter le cancer sans cesse, surtout pour sa mère. Toussait elle, Emilie craignait tout de suite pour sa mère un cancer de la gorge. Comme pour Proust, son plus grand malheur, c'était d'être séparée de Maman. Avec un égoïsme enfantin, elle demandait à Dieu de la conserver le plus longtemps possible au moins jusqu'à ce qu’elle eût trente cinq ans ce qui lui semblait un âge vénérable elle n'avait pas compris à l'époque qu'une mère nous manque toujours à n'importe quel âge. Et elle écoutait la chanson des Roses blanches de Berthe Silva, les larmes aux yeux ! Et je lisais et relisais Sans famille ou En famille d'Hector Malo, le coeur serré tant avais peur moi aussi d'être orpheline. Le cancer, ce monstre dévorant, s'en prenait même aux gens jeunes de moins de quarante ans : le premier amour de sa mère, ce Georges entrevu que sur une photo jaunie, une voisine de trente ans environ. Les larmes de sa mère lui révélaient assez l'impuissance des adultes face à ce fléau qui avait frappé, deux ans après sa naissance, le comédien incomparable qu'était Gérard Philipe, mort à trente sept ans et elle ne se lasserait jamais de regarder ses films, d'écouter les enregistrements de ses pièces. Bref, elle en était amoureuse, l'identifiant aux héros stendhaliens tant il était parfait, charmant : un idéal d'homme beau, bon, intelligent. Amour totalement platonique, passion inactive et elle avait relu plusieurs fois le roman discrètement autobiographique d'Anne Philipe Le Temps d'un soupir !

Mais, ce fut à dix sept ans qu’Emilie fut frappée par la maladie, dont elle n'apprit le nom que huit ans plus tard : un cancer d'Hodgking. En repensant à ce silence des médecins qui avaient demandé à ses parents de ne pas lui dire la vérité, Emilie formulait intérieurement le même reproche qu' Ivan Illich faisait à ses docteurs du dix neuvième siècle. Dans son roman La Mort d'Ivan Illich, Tolstoi dépeint bien la souffrance de celui qui se sait gravement malade mais que son entourage (sa famille et ses médecins) s'ingénient à tromper : il se fait des idées, il va guérir à condition de bien suivre les prescriptions médicales.

Mais si elle ignorait son nom, elle savait intérieurement que c'était grave. D'emblée, elle avait pensé à sa mort prochaine. Elle traversait un désert affectif, à part ses parents et ses grands parents qui l'aimaient, ses jeunes condisciples se moquaient d’elle, de son physique, de ses mauvais résultats en mathématiques ou en allemand. Au collège, bonne élève, elle était devenue une élève moyenne, appliquée, certes, mais elle était la fille sérieuse qui ne réussissait même pas.

Elle avait surpris une conversation de sa prétendue amie depuis le collège et celle ci avait déclaré tout de go à son petit copain :

« Je reste avec elle que pour profiter de son travail pour les devoirs. »

Lectrice de Balzac, Emilie savait que les femmes entre elles se font la guerre, mais la blessure n’en fut pas moins vive. Elle fut très déçue et malheureuse.

Une fille intelligente aurait cherché une autre camarade, méprisant cette fausse amie mais Emilie manquait totalement de confiance en elle et elle se persuadait que sa vie serait un échec. Et Emilie pense fermement que ce cancer à dix sept ans sanctionnait son manque de courage et son refus de grandir. Son corps avait fabriqué ce cancer pour montrer à tous que elle n'allait pas bien dans sa tête. Il est dur, à dix sept ans, de lire sur le visage de sa mère qu'on risque de mourir et difficile de se sentir aussi fatiguée que si on était à la fin de sa vie. Elle ne pouvait plus monter un escalier sans souffler.

Ce fut l'amour de ses parents qui l’aida : pour ne pas les inquiéter, elle assurait que tout allait bien et elle n'était pas seule à la clinique : son père empruntait des livres pour elle à sa bibliothèque d’entreprise (chose qu’il n’avait jamais faite), sa mère lui cousait des robes.

Elle voyait la différence lors de ce cancer où elle était seule face à un mari qui voulait divorcer.

Être malade seul, c'est se battre doublement contre la mort, la maladie mais sans les armes précieuses que sont le partage, avec ceux qui nous aiment, de ce désir de vivre et leur soutien. On veut vivre pour soi bien sûr mais aussi pour eux, pour ne pas les quitter, ne pas les laisser seuls. Certaines paroles trahissant l'affection de ses proches restent fixées dans sa mémoire : celles de son grand père à mon retour chez eux

"nous nous sommes bien fait du souci pour toi".

Et la maladie lui devenait précieuse parce qu'elle avait prouvé qu’elle était aimée et sauvée par leur amour et peut être plus que par les remèdes, l'opération, ....

Il y avait aussi la littérature qui l'avait guérie. D'abord, elle préparait le bac de français et elle travaillait toujours comme si la maladie n'existait pas. Réussir ses épreuves orales ou écrites comptaient plus que tout. Et elle lisait, lisait comprenant sans la connaître cette formule de Victor Hugo : "les livres sont des amis froids et sûrs". Oui, lire, c'est sortir de soi, de ses problèmes, épouser la vie du héros ou de l'héroïne, jusqu'à devenir autre.

Son présent douloureux s'adoucissait par la part de rêves que lui apportaient au fil des pages ses lectures.

Maintenant à quarante deux ans, de distance, elle se souvient encore des titres des romans : L'Âme enchantée et Jean Christophe de Romain Roland, les Pièces noires d'Anouilh... et tant d'autres souvenirs de bonheur et de dépaysement. En outre, elle s'attachait davantage à la vie des écrivains : ils lui devenaient chers, comme des amis inconnus et elle notait sur des répertoires des citations ou des extraits pour ne pas les oublier une fois le livre fermé. En fait les pensées des auteurs trouvent un écho dans notre vie et résonnent dans notre mémoire comme les cercles de plus en plus grands que laissent les ricochets à la surface des eaux. Une phrase lue à l’unisson du moment présent vécu par le lecteur et le lien s’établit avec l’écrivain, même éloigné dans le temps et dans l’espace !

Nul texte ne la rebutait dans cette soif d'apprendre qui l'incitait à lire les dictionnaires, les manuels de philosophie. Pressée de s’évader d’un quotidien trop monotone, Emilie dévora les romans elle recherchait avant tout le dépaysement et aussi l’identification avec l’héroine ; le rêve éveillé lui permettait de vivre une existence riche, par la lecture . Tour à tour, reine ou fée de récits féériques ou historiques, elle était aussi bien une femme amoureuse qu’une jeune fille à la recherche de l’âme sœur : elle connaissait par coeur les passages d’amour qu’on lit chez les grands romanciers du dix neuvième siècle . Avec Flaubert, elle était tour à tour Mme Arnoux ou Mme Bovary avec Balzac, elle aimait Wenceslas, le héros de la Cousine Bette ou le cousin d’Eugénie Grandet, avec Stendhal, elle s’éprenait de Julien Sorel ou de Fabrice Del Dongo (surtout quand elle les vit incarnés par Gérard Philipe, acteur qu’elle aimait toujours comme parfaite image de ces héros romanesques, image de l’homme idéal ! Elle s’apercevait au gré des descriptions romanesques avec tel ou tel héros. Les choses rêvées devenaient si précises qu’elles la consolait de tout : de sa solitude d’élève studieuse, sans camarade et elle avait à peine achevé un roman qu’elle en recommençait un autre, ne laissant aucune place au réel pour écorner l’image qu’elle s’était construite d’elle même et de sa vie future.

 

 

Chapitre 4

 

 

Ne parlez plus d’amour. J’écoute mon coeur battre.

Il couvre les refrain sans fil qui l’ont grisé

Louis Aragon

 

Puis ce fut le grand amour !

Un Parisien rencontré dans sa ville du midi qu’elle voyait rarement mais de sa passion inactive elle s’était forgé toute une illusion : elle vivrait avec lui, se marierait… un vent tiède la poussait dans les quartiers où elle l’avait rencontré et où elle retrouvait son image partout : chacune des rues menait à son logement d’étudiant ou à son école d’ingénieur !

Le bonheur d’aimer et l’espoir d’être payé de retour projetait sur les choses ambiantes une lumière tendre et douce. Dans son esprit, des scènes heureuses se déroulaient sans fin : elle se voyait avec lui chez eux dans leur maison, ils partaient en voyage dans un pays idyllique au bord d’une plage, ils partageraient leur passion commune pour la musique classique ou la littérature, et tant d’autres tableaux idéalisés ! Elle avait faim de vivre réellement ce que lui promettaient ces petits bonheurs cueillis dans ses rêves éveillés.

Elle savait bien qu’il lui était supérieur en tout : classe sociale, beauté, intelligence, culture musicale différente mais « La lune est le rêve du soleil » comme l’a dit Paul Klee et si les contraires s’attirent pourquoi pas ? Emilie dans sa passion inactive pour J M reconstruisait dans ces heures d’attente l’image de son premier amour encore plus idéalisé. Son âme troublée par l’amour se soumettait au mystère de la voix aimée, qu’on recompose, qu’on idéalise, au regard de l’autre qu’on essaie de surprendre, de deviner et bien sûr à son avantage ellle espérait, elle attendait tout le jour un appel, une lettre comme on est surpris et émerveillé de voir une hirondelle dans le ciel bas. Dans le creux d’une main tient le bonheur : Emilie se contentait d’un baiser, d’une main serrée dans la sienne, d’un frôlement. Mais J M avait une fiancée à Paris pourquoi ce serait il encombré de cette provinciale naïve et romantique ? Il pensait à la séduire et ensuite à l’abandonner !

Au début de son aventure avec J M, elle avait été jalouse de cette capitale qui l’empêchait de voir celui qu’elle aimait en secret, tous les week-end. Elle paraît la grande ville de qualités mystérieuses et son attachement pour un parisien l’identifiait à un lieu paradisiaque plein de mystère, de grandeur, de culture. Elle aurait tant voulu connaître cette capitale décrite seulement dans les romans ou vue dans des reportages à la télévision. Sans doute, son amour de Paris a t il été construit dès cette passion malheureuse ,

Car en réponse à sa lettre d’amour, Emilie reçut un billet froid de rupture. Un coup de poignard en plein coeur ! Mais en même temps, elle donnait à ce garçon trop bien pour elle de la laisser tomber ! C’était une autre preuve de son intelligence : J M montrait par là qu’il méritait bien plus qu’elle son amour !

Elle se trouvait face au miroir où ses yeux rougis, ses larmes, son visage triste et défraîchi manifestaient clairement que J M avait eu raison de la traiter ainsi. Le chagrin, détrousseur de beauté, apportait donc à Emilie les premières rides et plus grave le sentiment d’être incapable d’être aimée. Emilie focalisa sur sa laideur passagère toutes les critiques et eut l’espoir de reconquérir J M en recourant à une opération esthétique . Elle trouva un chirurgien assez malhonnête pour lui conseiller une rhinoplastie pratiquée dans sa clinique !

Ce fut un échec et Emilie devint deux fois plus malheureuse ! Non seulement, elle avait perdu tout espoir de reconquérir JM mais elle ne pourrait même pas trouver un mari avec sa tête actuelle : elle avait gâché son avenir : toute chasse au bonheur lui était impossible et par sa faute.

Fallait il être bête quand on avait déjà franchi les obstacles d’une maladie grave ? Pourtant quoi de plus terrible que la solitude quand autour de soi des couples d’amoureux se tiennent par la main ? L’amour lui allait il être refusé à jamais ? Et Emilie pensait à la chanson de Françoise Hardy « tous les garçons et les filles » et elle se trouvait encore plus abandonnée : seule, seule au monde et encore plus nulle, plus laide au point de fuir les miroirs ou son reflet dans les vitrines des rues alors qu’avant elle était ravie de voir sa figure avenante, pas très belle mais mignonne qui lui semblait une promesse de bonheur !

Ses parents ne comprenaient pas son chagrin, sa déprime !

Elle revit J M qui avait été informé par des connaissances du chagrin d’amour d’ Emilie.

Il était bon, il la plaignit et lui proposa de reprendre leur relation. Et Emilie fit cette chose insensée qu’elle regrette encore aujourd’hui, à des années lumière de distance : elle répondit :

«  Trop tard ! »

Parce qu’elle avait honte de cette pitié, parce qu’elle trouvait J.M. trop bien pour elle, et qu’elle préférait le voir heureux avec une autre que malheureux à cause d’elle !

Et Emilie fit une grave dépression, et ce ne fut pas étonnant que huit ans après un autre cancer, le crabe avait trouvé sa proie trop faible pour réagir, dans une volonté de suicide inconsciente, peut être, mais bien réelle !

  

Chapitre 5

 

La solitude est une infirmité, on devient seule comme on devient impotente

                                                                               Elsa Triolet : Les Fantômes armés

 

 

Et Emilie rencontra d’autres garçons, elle crut être aimée , mais le souvenir de son premier amour lui rendit insipides toutes liaisons : là où elle ne cherchait que l’amour, la tendresse, le jeune homme préférait la conquête et elle était abandonnée aussi vite qu’elle refusait des avances trop empressées ! Elle rêvait au grand amour, au mariage qui conduirait à toute une vie de bonheur !

Et quand elle se retrouvait encore seule, elle était d’autant plus désespérée que ses condisciples affichaient leurs conquêtes et se moquaient de cette Sainte Nitouche !

Jean Rostand a écrit : « Etre adulte, c’est être seul » dans Pensées d’un biologiste !

Emilie se rendait bien compte qu’au fil du temps, les sentiments perdaient leur brillant : plus de camaraderie, plus d’affection aussi bien des filles que des garçons.

Et elle traînait avec elle, un charroi d’inquiétudes sur son avenir : handicapée par sa peur de vivre, sa solitude, elle se refermait encore plus sur elle ; arborant toujours un visage triste elle s’était entendu conseiller : « accroche un sourire sur ta face » mais cela elle ne le pouvait plus. Si avec J M , l’univers s ‘élargissait, l’être aimé étant le point lumineux où tout convergeait, dèsornais son espace se raccornissait. Elle en était si malheureuse qu’un jour elle eut l’idée de se jeter dans l’étang, elle voyait son cadavre flottant sur l’eau mais il fallait marcher longtemps avant de couler au large et sur des pierres : elle n’en eut pas le courage ! Par lassitude, par dépréciation d’elle même, elle ne combattit plus pour trouver l’amour, se résignant à vivre seule lorsque ses parents iraient s’installer dans un autre département après leur retraite.

Mais un jour, elle rencontra P : il ressemblait sur bien des points à J M , sa carrière, ses études et elle revoyait un peu son premier amour dans ce jeune homme mince et brun. Hélas, après deux années de complicité tendre après leur mariage, il y avait eu la violence et maintenant elle ne pouvait fuir par crainte de demeurer seule et malade à jamais !

De plus, la mort frappa cruellement Emilie : après le décés de sa grand-mère d’un cancer, celui de son grand-père d’un arrêt cardiaque, elle eut la douleur de perdre sa mère.
Emilie se trouvait encore plus seule, rongée par le désespoir !

      Pourtant après bien des combats Emilie avait pris le maquis de l’âme. Et faisant fi de tous les conseillers qui ne sont pas les payeurs, elle avait divorcé pour faute de son mari. Quel combat horrible contre celui qui est devenu votre ennemi acharné : car il est prêt à mentir, à vous traîner dans la boue ! Pourtant Emilie n'a pas renoncé : elle est libre maintenant et guérie de ses cancers !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 7

 

 

 

 

Saint Michel, premier métro.

C’est aux premières heures de la matinée que Emilie est descendue à la station Cité en changeant à Saint Michel pour contempler encore une fois la beauté de la Seine et de revoir encore et toujours Notre Dame de Paris ! Chaque fois qu’elle se trouve près de l’île de la Cité, son coeur se serre, ému par la beauté de ce quartier. Ici l’art, la nature, l’histoire se donnent rendez vous depuis des siècles et pour des siècles !

Et Paris porte bien son nom de Ville lumière et elle repense à cette citation d’Aragon « la Seine s’ouvre à deux battants ». Elle voudrait rester des heures à contempler jusqu’à devenir une partie du paysage, de la douceur de vivre qui règne dans ce quartier. 

Parisienne par amour et par choix, elle sait qu’elle pourra retrouver dans ce Paris qu’elle aime et qui lui manque tant quand elle en est séparée, l’apaisement, l’espoir que son cancer va guérir. Elle en est persuadée : les feuilles vert tendre des arbres, l’eau miroitante du fleuve, la tranquillité des quais dépourvus des touristes, des passants, des habitants le lui répètent ! Dans cette contemplation de la beauté, Emilie retrouve le goût de vivre: « la vie est là, calme et tranquille ». Instantanément, ses yeux se dirigent vers Notre Dame de Paris si belle dans sa pierre blanche, majestueuse pour l’éternité aux et elle souhaite rentrer dans l’édifice. Avant, elle s’arrêtera sur l’étoile qui marque le départ de toutes les routes de la France et son regard se promènera sur les sculptures des porches : avec son Christ panthécrator qui siège en haut du jugement dernier, et c’est une émotion à nulle autre pareille de se souvenir des vers de Villon qui expliquait que sa mère illettrée apprenait le cathéchisme devant le portail de la cathédrale. Cathédrale, union des hommes sens premier de la religion qui relie les fidèles, message d’amour et la peur de la mort sera t elle conjurée par la foi, foi si grande qui sur plusieurs siècles a fait élever la cathédrale, comme un soleil resplendissant au beau milieu du coeur de Paris ? Oui, le jugement dernier peut angoisser avec sa balance qui sépare les damnés avalés par l’enfer des élus qui ressucitent en sortant de leur tombeau et Emilie pense que Paris, c’est bien le Paradis avec deux lettres en mois « A D » !

Et Mankel qui écrivait dans Sable mouvant « La peur est bien plus que la terreur primitive de mourir (…) nous avons la conscience d’être mortels (…) toute notre vie, nous cherchons à accroître nos connaissances, notre savoir, notre expérience. Mais en définitive, tout sera perdu et réduit à néant » avait tort ! Non, la Beauté, les connaissances, nous aident à vivre et même ceux qui ne croient pas peuvent sentir qu’il y a une immortalité dans ces édifices de pierre et les bâtisseurs des cathédrales même anonymes ne restent-ils pas vivants ? Les marques des différents corps de métier sur les colonnes témoignent clairement que l’âme des pierres et des hommes se confondent, s’interpénêtrent comme si le temps les réunissait pour toujours dans l’ au-delà ! Les portes de la cathédrale sont ouvertes. En entrant dans la douce pénombre ponctuée de la lumière vacillante des cierges, Emilie se dirige directement vers la rosace nord : comme à un rendez vous d’amour, elle sait d’avance que la beauté des couleurs : le bleu irréalisable avec tous les moyens technologiques de notre époque : car le lapis lazzuli n’est plus employé, va encore une fois l’émouvoir dans le scintillement des couleurs, elle distingue la ronde des prophètes de l’Ancien Testament et la Vierge à l’enfant au milieu de la rose : image de renaissance et symbole du Nouveau Testament. Tant de personnes célèbres ont hanté le monument comme Claudel qui s’y est converti comme une inscription sur un pillier proche du choeur le rappelle !

Dans cette carte du Tendre, suivant ses préférences pour les monuments parisiens, si Notre Dame de Paris occupe la première place, dans l’Ile de la Cité, la Sainte Chapelle vient après ! Quelle émotion de contempler ses vitraux qui semblent tenir dans le vide tant la paroi de pierre est étroite entre eux ! Elle voudrait éterniser ce moment où la lumière éclaire les couleurs chatoyantes de ces vitraux dont elle se plaît à détailler les scènes de l’Ancien testament, avec les prophètes, le Nouveau Testament et la Rosace de l’Apocalypse selon Saint Jean. Miracle de beauté mais aussi de foi car c’est pour une relique « la couronne d’épine » que Saint Louis fit édifier ce joyau de pierres !

Ce qui la séduit, c’est le sentiment d’éternité, d’immuabilité, de perfection et elle rêve d’habiter un jour ce quartier pour pouvoir aller contempler dès le matin, ces chefs d’oeuvre d’architecture ! Le chevet de Notre Dame qui tel une proue de navire avance sur la Seine et elle pense au syndrome de Stendhal : l’évanouissement peut être causée par la beauté de l’Art. Emilie voudrait savoir bien écrire pour célébrer la beauté par les mots qui chantent pour exprimer la perfection.
Elle en est persuadée la beauté, l’art peuvent guérir aussi bien que des remèdes traditionnels. 

19 avril 2017

vengeance (une fiction)

 Meurtre de l’au delà

 

 

L’impact des gouttes sur le métal résonnait tristement dans cette belle villa d’une banlieue huppée. l’inspecteur Fabienne Leroy considérait le cadavre assis ou plutôt effondré sur son bureau. Du trou dans la poitrine coulait encore du sang sur un coffret sous le corps. C’était ce bruit qui l’avait frappée dès son arrivée. Le mort avait une cinquantaine d’années. Bien mis dans un complet marron, il était un peu chauve, assez grand, plutôt mince.

Fabienne sécurisa la scène de crime, fit les premières constatations : il s’agissait d’un meurtre car l’arme n’était pas sur place. En cas de suicide, le révolver est retrouvé près du défunt. Elle enfila ses gants pour soulever un peu le mort ; Comme le petit coffre avait été ouvert, elle pensa à un meurtre par un voleur. Il avait surpris l’homme et l’avait obligé à donner le contenu du coffret , puis l’avait tué d’une balle en plein coeur.
Le médecin légiste arriva et confirma ses supputations.
- la mort remonte à deux heures environ, peut être trois, c’est un coup de feu tiré à très petite distance de la victime, sans doute à bout touchant, je ferai parvenir mon rapport au commissariat le plus tôt possible

Après le départ du légiste, Fabienne demanda à l’agent en faction devant l’entrée de bien surveiller pendant qu’elle irait interroger les voisins qui, massés dans la rue commentaient la situation. Un jeune homme l’entretint :

- c’est moi qui ai appelé les secours, j’ai entendu le coup de feu. Monsieur Pradel ne rentre pas si tôt d’habitude

- vit il seul ?

- oui, il est veuf depuis un an

- reçoit il des visites ?

Une moue dubitative fut la seule réponse des cinq personnes réunies. Ces riverains ne manifestaient pas de peine, ils semblaient peu connaître le défunt

Après un examen approfondi de la maison, Fabienne constata que le coffre fort mural n’avait pas été forcé ; tout était intact dans la maison.

- Alors pourquoi ce meurtre ?

Elle se renseigna auprès des employeurs du mort  ; il travaillait comme conseiller financier dans une grande banque. Son poste était important mais peu apprécié par ses collègues qui le trouvaient trop ambitieux, très orgueilleux, voire insultant et vindicatif. On ne lui connaissait aucune relation féminine depuis que sa femme était morte d’un cancer généralisé.

- S’agissait il d’un vol d’un objet précieux (bijoux, argent…) qui auraient été renfermés dans le petit coffret ?

Elle interrogea les suspects possibles : de petites frappes prêtes à tout pour gagner de l’argent facilement. Leur alibi à chacun fut vérifié : ils étaient innocents !

La jeune inspectrice de police se demandait en fait s’il ne s’agissait pas d’une vengeance.
Elle convoqua les parents de Madame P : ils furent prolixes, leur ex gendre avait causé la mort de leur fille unique. En effet, dès qu’il avait appris le nom de sa maladie, il avait changé et avait voulu divorcer ne supportant plus sa femme diminuée physiquement. Alors leur fille avait renoncé à une opération invalidante qui lui aurait sauvé la vie et avait fait plusieurs dépressions si bien que le cancer l’avait emportée, il y avait juste un an !

C’était curieux, cet anniversaire du décés de cette femme qui coïncidait avec la mort du mari.

Elle demanda aux parents de leur donner leur emploi du temps, le jour du meurtre. Mais eux, aussi, ils avaient des alibis imparables.
Fabienne leur demanda d’identifier le coffret et leurs yeux se remplirent de larmes : il avait disparu mais elle le conservait autrefois dans sa chambre de jeune fille pour y mettre ses secrets, ses lettres d’amour, son journal…

Ils ne s’expliquaient pas comment ce coffret avait pu se retrouver sur le bureau de leur ex gendre : leur fille le faisait suivre dans tous ses déplacements et ne l’aurait jamais donné à son mari par peur de scènes, elle le cachait en principe sous le lit de sa chambre d’hopital, sous son oreiller. Après son décés, P n’aurait pas pu le prendre : il n’était même pas venu la voir au centre anti cancéreux et à l’hôpital psychiatrique : il avait été absent lors des obstacles car, avait il dit, retenu à l’étranger.

Une seule solution : c’était le meurtrier qui l’avait apporté !

Mais personne n’avait vu de suspect !

Les jours passèrent, Fabienne se rendit dans les différents hôpitaux où Madame Pradel avait été soignée ; le personnel lui décrivit une femme douce, toujours angoissée par la perspective du divorce car son mari avait entamé une procédure de divorce.

- Ne s’était pas liée avec un ou une malade durant ses hospitalisations ?

- Certes Solange P était très amie avec Emmanuelle R une cancéreuse comme elle, qui était en rémission, à l’époque des faits, mais nous l’avons à nouveau hospitalisée car son état est devenu alarmant.

- Madame R pourrait elle être interrogée ?

- Je ne le pense pas, elle a vraiment besoin de soins constants. Toutefois, je demanderai à son médecin, car elle n’a plus de famille !

Le chef de service arriva et annonça à Fabienne que Madame R avait été conduite aux services des soins intensifs car à son avis elle n’aurait pas plus de six mois à vivre !

Puis je voir ses affaires ? Je suis inspectrice de police et je voudrais savoir Madame P n’aurait pas confié une lettre à Madame R !

Interloqué, le médecin désigna une valise que les infirmières avaient rangée : Fabienne l’ouvrit devant témoin ; quelle ne fut pas sa surprise de voir une enveloppe marron intitulée «  à ne donner à la police qu’un an après mon décés » et signée Solange P.

Fabienne l’ouvrit et lut  :

« Quand vous recevrez cette lettre, je serai morte ! Le cancer, c’est les autres ! En particulier les conjoints qui harcèlent leur femme malade de propos durs « qui voudra de toi avec un cancer »

« le prochain tu seras toute seule » « tu n’es bonne à rien même pas à avoir des enfants » petit à petit, ils vous détruisent bien plus vite que la tumeur mais ils ne sont pas punis parce qu’ils continuent à vivre et personne ne les inculpe !

Ma seule amie a été Emmanuelle avec qui j’ai fait un pacte, je lui donnerais tout ce que je possède mais en revanche un an après mon décés, elle devra tuer mon veuf de mari si elle même sait que sa maladie a récidivé. L’une et l’autre, nous voulions en finir des séances de chimio qui vous laissent pantelantes, de la dureté du conjoint ou du compagnon qui vous tuent à petit feu. Elle a eu plus de courage que moi car elle a quitté elle même son compagnon dès les premiers signes de sa maladie car voyez vous pour combattre le cancer, il vaut mieux être seule que mal accompagnée. Tous les hommes savent qu’ils vont mourir mais quand un médecin , sous prétexte de dire la vérité au malade, vous annonce qu’on n’en a plus que pour six mois maximum : c’est encore plus horrible que la peine de mort des criminels autrefois, parce que on est innocent et on voit les autres qui nous ont causé tant de mal nous survivre. Emmanuelle sait tirer et elle portera le jour de l’ anniversaire de mon décés mon coffret où j’ai déposé cette lettre et le mot pour mon ex mari ; et c’est moi la seule coupable, de toutes façons, Emmanuelle a aussi un cancer généralisé et au pire sera hospitalisée en prison comme elle l’est déjà ici ; ne croyez vous pas d’ailleurs qu’attendre la mort dans des services de soins palliatifs n’est pas déjà une prison ? De l’au delà, je vous salue »

Un billet était joint à la lettre : il contenait ces quelques lignes :

«  P, apprête toi à mourir toi qui m’as dit « tu n’as qu’à crever ! De l’au delà, je me venge ! »

 

 

Fabienne referma la lettre et la garda pour elle seule, sans poursuivre cette affaire : le suspect n’avait pu être appréhendé !

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